A la découverte d’Angela Davis
Un visage de la lutte contre les inégalités.
Angela Davis à sa première conférence de presse depuis sa libération sous caution, le 24 février 1972.
« Je n’accepte plus les choses que je ne peux pas changer. Je change les choses que je ne peux pas accepter » déclarait Angela Davis, l’une des activistes les plus emblématiques de la scène militante américaine.
Du quartier de « Dynamite Hill » de Birmingham …
C’est au cœur de « Dynamite Hill », où ségrégation raciale et climat constant de violence règnent en maître, que naît et grandit la future pasionaria. Elle se retrouve très vite exposée au racisme ainsi qu’aux humiliations et à toute la violence qui les accompagne. Fille de professeurs militants pour la « National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) », elle se socialise politiquement au contact de ses proches et au gré de ses expériences personnelles.
Fraîchement débarquée à l’école privée de Greenwich Village New-York pour ses études secondaires, elle y découvre une ville non ségrégée, ce qui lui fait pleinement prendre conscience de la dureté de la situation dans les États du Sud. Elle se rend compte qu’au-delà de l’oppression des Noirs par les Blancs, on trouve un système capitaliste qui bénéficie et alimente intrinsèquement le mépris et la haine d’une partie de la société pour la classe ouvrière. De la découverte des grandes utopies d’Owen et Marx aux manifestations des droits civiques, elle se familiarise peu à peu avec les idées socialistes. Elle s’engage dans une organisation de jeunesse marxiste-léniniste nommée Advance, c’est alors sa première expérience militante.
En 1962, elle quitte New-York pour le Massachussetts où elle intègre l’université Brandeis. Étant l’une des trois étudiantes noires de première année, elle profite de cet isolement, qu’elle « cultive de façon romantique », pour parcourir les œuvres des existentialistes français comme Jean-Paul Sartre et assister aux conférences du romancier et essayiste James Baldwin.
Elle poursuit sa formation intellectuelle en voyageant en Europe, mais déclare se sentir tout de même frustrée de manquer l’effervescence militante qui se fait sentir aux États-Unis. Elle y retourne alors.
… Au devant de la scène politique américaine
En 1969, récemment doctorante en philosophie, elle devient professeur à l’Université de Californie à Los Angeles. Elle enseigne alors en se déclarant ouvertement communiste (rappelons que nous sommes au cœur de la guerre froide (1947-1991)) et membre du Black Panther Party, un mouvement révolutionnaire de libération afro-américaine d’inspiration marxiste-léniniste et maoïste qui revendique entre autres le droit à l’éducation, la justice et la paix.
Elle prend véritablement conscience des dissensions existantes entre les différents mouvements de lutte pour les droits des Noirs et souhaite les unifier en s’opposant au capitalisme et ses fondations racistes.
Angela est mise sous surveillance du FBI du fait de ses diverses prises de position et se trouve renvoyée de son poste à l’Université de Californie. Elle est investie dans le comité de soutien aux Frères de Soledad, trois prisonniers noirs américains accusés d’avoir assassiné un gardien de la prison de Soledad. Dans le cadre de cet activisme, elle est accusée d’être impliquée dans une prise d’otages visant à libérer ces prisonniers ; prise d’otages où quatre personnes, dont un juge, trouvent la mort. Elle part en cavale, recherchée par le FBI. Accusée de meurtre, de kidnapping et de conspiration, elle est arrêtée et emprisonnée pendant seize mois.
Suite à son incarcération, le mouvement de mobilisation « Free Angela » autant exceptionnel du fait de sa spontanéité que de son ampleur (national et international) se forme pour soutenir la libération de Davis. En 1972, le groupe britannique de rock The Rolling Stones a publié une chanson de soutien à Angela Davis intitulée « Sweet Black Angel ». De même, John Lennon et Yoko Ono la soutiennent dans leur chanson « Angela ». Angela Davis est finalement relâchée et déclarée non-coupable le 4 juin 1972.
Suite à sa libération elle porte haut et fort, tant à l’écrit via ses essais, qu’à l’oral lors de meetings, ses convictions. L’antiracisme, le féminisme, le pacifisme constituent son credo.
Angela Davis, 71 ans, toujours militante communiste, pacifiste, féministe, et porte-drapeau de la lutte pour les droits des opprimés.
Le 26 Janvier 2021, le porte-drapeau de la lutte pour les droits des opprimés a fêté son soixante et onzième anniversaire. Mais ni l’âge, ni ses détracteurs ne sauraient freiner son engagement exceptionnel ou assombrir son idéal. Cette femme qui a combattu toutes sortes d’inégalités pendant sa vie, continue encore de se battre pour l’abolition de la peine de mort et contre le fonctionnement actuel du système industriel carcéral américain. Dans un entretien en novembre 2005 dans Multitudes, Angela Davis déclarait « La jeunesse est plus révoltée et plus créative que jamais. C’est elle qui me permet de continuer à avancer ».