Le pass Culture : un outil efficace pour réduire les inégalités sociales ou une ambition inachevée ?
Par Alix Colin
Jeudi 26 décembre 2024
Temps de lecture : 2 min
Depuis son lancement en 2019, plus de 30 millions de réservations ont été effectuées sur le pass Culture. Ce dispositif permet à tous les jeunes de 15 à 18 ans de bénéficier d’un crédit total de 380 euros sur une application pour accéder à des activités culturelles (musée, cinéma, spectacle, achat de livres, etc.). Selon le ministère de la Culture, son objectif est de "promouvoir la diversité culturelle et la pratique artistique, [en dépassant] les inégalités d’accès à la culture, qu’elles soient sociales, géographiques ou générationnelles".
Cependant, malgré le succès de l’application, avec près de 4 millions d’utilisateurs depuis sa création, le pass Culture n’est pas devenu l’outil de démocratisation culturel espéré. Lors d'une conférence de presse organisée le 17 décembre 2024, les derniers résultats du pass Culture ont été dévoilés, la Cour des Comptes souligne un manque de contrôle sur les offres culturelles, et une capacité limitée à dépasser les habitudes culturelles des jeunes.
Le pass Culture semble en effet intensifier les pratiques culturelles déjà bien établies en fonction notamment du milieu social, plutôt que de favoriser l’accès à une culture diversifiée. Cela se traduit donc par un effet d’aubaine pour les jeunes disposant déjà, par leur environnement familial, d’un capital culturel plus élevé. De plus, si 84 % des 15-18 ans utilisent leur pass Culture, ce chiffre tombe à 68 % parmi les jeunes issus des classes populaires. Ainsi, la capacité du pass Culture à aider les publics les plus éloignés de la culture dite « légitime », à surmonter les inégalités sociales est à relativiser.
Le pass Culture va donc probablement revoir ce dispositif, pour favoriser notamment la justice sociale. Pour réduire les coûts de ce dispositif qui a coûté à l’Etat, 244 millions d’euros en 2024. Plusieurs pistes ont été citées par la Cour des Comptes : la réduction du montant du crédit alloué aux jeunes âgés de 18 ans ; la mise sous condition de ressources ; le ciblage des bénéficiaires selon des critères sociaux (boursiers) ou territoriaux (quartiers populaires, milieux ruraux).
Malgré ses défauts, le pass Culture reste cependant un moyen d’émancipation pour les jeunes, leur permettant d’accéder aux loisirs de leur choix. Bien que les pratiques culturelles de la plupart des jeunes soient en décalage avec les secteurs du monde de la culture que le ministère aurait souhaité financer initialement à travers le pass (spectacle vivant, librairies indépendantes…), ce dispositif favorise tout de même une certaine autonomie et permet à la jeunesse de pratiquer librement des activités culturelles.