L'égalité des chances n'est pas qu'une utopie
Par Thibaut Pouget
Mardi 17 décembre 2024
Temps de lecture : 3 min
Le ministère de l’éducation nationale a annoncé jeudi 10 octobre la suppression de 4 000 postes d’enseignants pour respecter son budget en 2025. Les principales victimes de cette décision seront les écoles maternelles et primaires. Alors, comment croire encore à un accès à l’éducation pour tous dans de bonnes conditions, notamment au niveau de la scolarité primaire et secondaire ?
Une réalité fait face au système d’éducation français : plus le temps passe, moins le métier d’enseignant attire et offre un prestige contrasté. De même, les constantes suppressions de postes rendent la situation encore plus alarmante. En effet, des professeurs partis à la retraite ou en congé sont de moins en moins remplacés, les classes sont surchargées ou encore l’accès à la culture est mis de côté, faute de moyens et du nombre d’élèves par classe.
Ainsi, qu’en est-il des REP (réseaux d’éducation prioritaires) et REP +, principales zones sans cesse touchées par ces facteurs d’isolement des élèves vis-à-vis des autres ? Aujourd’hui, il est estimé que 20% des élèves scolarisés dans le secteur public le sont en REP ou REP +, soit près de 1,7 millions d’individus. Ces élèves souffrent de manière directe face aux suppressions de postes décidées par le gouvernement, par la difficulté à s’intégrer pleinement dans la société faute de bon suivi scolaire. Par le ruissellement, c’est leur accès à la culture, à la connaissance ou encore à une bonne orientation qui en pâtissent.
Des solutions apolitiques existent pourtant par le biais de l’entraide.
Outre ces difficultés croissantes, il existe toujours des alternatives possibles dans le but de contourner les défaillances du système d’éducation français. Par exemple, les actes de bénévolat se mettent en place pour offrir aux jeunes scolarisés des REP et REP + un accès à la culture et une possibilité de s’affirmer en société. Le tutorat en fait partie : une solution simple, fondée grâce à des personnes motivées afin d’intervenir positivement dans la vie d’autrui, garantit un suivi des élèves parfois laissés seuls ou encore des découvertes par des sorties culturelles riches ou des cours donnés. De même, les environnements extérieurs comme le sport ou les activités culturelles permettent de mélanger les classes sociales, d’inculquer des valeurs fédératrices et de tisser des amitiés vouées à se faire grandir mutuellement, y compris au niveau scolaire.
Un nouveau souffle insufflé par la situation politique actuelle ?
Le nouveau premier ministre français François Bayrou a insisté sur la notion d’égalité, en mettant l’école au centre de ses priorités. « Notre devoir, c’est que nous soyons obsédés pour donner des chances à ceux qui n’en ont pas », a-t-il estimé lors de son discours le 13 décembre. En qualifiant l’égalité des chances comme « un devoir », que le président Emmanuel Macron a promis au début de son mandat, François Bayrou semble être totalement interpellé et sensible à ce sujet. Alors, véritable tournant ou simple discours démagogique ? Il faudra voir les prémisses de son gouvernement dans les prises de décisions pour se faire une idée simple de la volonté quant à réduire les prises de décisions pour se faire une idée simple de la volonté quant à réduire les inégalités des chances au niveau scolaire.
Il subsiste donc une lueur d’espoir par la solidarité dans l’accès à l’éducation de plus en plus inégalitaire. Avoir la possibilité de s’exprimer en public, de connaître des œuvres littéraires ou encore de s’organiser convenablement sur ses choix de parcours scolaire n’est pas donné à tout le monde de manière équivalente. Le plus important est de ne pas craindre de se lancer, et d’accepter qu’autrui puisse aider ou se faire aider. 20% d’élèves du secteur primaire et secondaire peuvent potentiellement compter sur une aide extérieure bienvenue, afin de laisser à chacun l’opportunité d’exprimer pleinement ses capacités et de ne pas être mis en retrait à cause de l’endroit de sa scolarisation. Sans forcément attendre le changement politique, c’est par les actes d’entraide entre les individus qu’il sera possible de rétablir une balance plus équilibrée et ainsi forcer la main à la classe politique pour vraiment faire bouger les lignes.