Partout, ces figurines mi-mignonnes, mi-e6rayantes sont partout : dans les stories des
plus grandes stars, dans des vidéos unboxing virales ; aussi bien accrochés aux sacs à
main qu’au pantalon. Les Labubu sont devenus un phénomène mondial et inarrêtable.
Mais quels sont les ingrédients d’un succès pareil ? La figurine Labubu ne serait-elle pas
le Gremlins des temps modernes ?

Ségault Noa
26 oct. 2025
Labubu : Les origines d'un succès
La figurine Labubu ne date pas d’hier, malgré son essor explosif au cours de cette année. C’est en 2015 que la première figurine mi-adorable, mi-inquiétante a vu le jour, designée par le dessinateur chinois Kasing Lung pour accompagner la vente de ses livres pour enfants, The Monsters Trilogy. Quelques figurines sont produites, représentant Labubu, l’un des personnages du conte. Toutefois, ces dernières ne possédaient pas encore l’aspect que le monde leur connait aujourd’hui.
Des gremlins colorés :
En 2019, Pop Mart, une multinationale chinoise spécialisée dans la vente de blind boxes (des boîtes que les consommateurs achètent sans connaître le contenu à l’intérieur), signe un partenariat avec Lang. L’entreprise sent immédiatement le potentiel de vente à grande échelle de ces poupées peluches. Le succès est instantané : 55 000 boîtes de Labubu sont vendues sur la boutiques en ligne Pop Mart en près de neuf secondes le 11 novembre. La figurine suscite un véritable engouement, grâce à l’accouplement entre sa douceur et l’angoisse qu’elle suscite ; un physique bien singulier par rapport aux nombreuses autres figurines « kawaii ».
2024 ou la prolifération des boules de poils :
Si ces petites peluches ont connu un lancement explosif en 2019, c’est bien cinq ans plus tard, en 2024, que ces dernières font un triomphe de ventes, lorsque Lisa, l’idole K-pop la plus suivie au monde, présente sa passion pour les Labubu dans une vidéo de la chaîne YouTube Vanity Fair le 13 novembre 2024. Ce qui était une obsession personnelle se transforme en obsession mondiale.

Les plus grandes stars apparaissent accompagnées de la figurine, comme Kim Kardashian, ou encore Dua Lipa.
Les ventes explosent, les files d’attente se rallongent devant les boutiques Pop Mart. Les Labubus sont en rupture de stock et l’action Pop Mart grimpe de 600% en seulement un an. Mais quelle est la goutte d’eau qui a fait déborder le monde de Labubus ? Si les Gremlins se dupliquent au toucher de l’eau, la goutte d’eau des Labubus, c’est un business psychologique que Pop Mart a savamment distillé : entre jeu du hasard, peur de manquer (ou FOMO pour Fear of Missing Out), chasse à la rareté, et nécessité de collection finie. Le concept de vente des Labubus est simple, mais cela n’enlève pas son extrême efficacité. L’achat des Labubu possèdent le même mécanisme que les jeux de hasard, produisant donc, comme eux, de la dopamine, la molécule du plaisir. Un acheteur de Labubu ne sait pas sur quelle figurine il va tomber lors de l’ouverture ; la peluche devient un ticket à gratter. Certains Labubu sortent en quantité réduite, renforçant non seulement le besoin d’acheter toujours plus pour terminer les collections, mais aussi cette obsession pour la chasse à la rareté.`
De l’abus pour Labubu ?

Cette hype mondiale a déjà dérapé, et de nombreuses fois. Les Labubus déclenchent des comportements irrationnels : batailles lors des remises en stocks, vols de Labubu dans la rue et même des braquages d’entrepôts de stockage, comme dans la nuit du 5 au 6 août 2025 près de Los Angeles, où les malfaiteurs ont volé pour 25 000 dollars de peluches Labubu. Ce qui est déroutant, c’est que les figurines Labubu n’ont absolument aucune valeur. Sa puissance ne vient que d’une illusion, celle de la rareté, et d’une addiction, entretenue par Pop Mart à travers de nouvelles collections chaque semaine. Le concept de ces blind boxes n’est pas propre à l’enseigne ; on peut citer les Kinder Surprise ou encore MacDonald avec ses jouets surprise dans ses Happy Meals. En revanche, ce qui di6érencie la multinationale chinoise de ces derniers, c’est le public qu’elle vise : les kidults, l’assemblage de « kid » (enfant) et « adult » (adulte). Les Kidults sont des adultes qui se tournent vers des produits et activités autrefois réservés aux enfants, devenant ainsi la cible parfaite de Pop Mart. Cette catégorie de consommateurs possède les moyens financiers de conserver, voire renforcer leur obsession, jusqu’au point de nonretour, appelé le sunk cost (ou coût irrécupérable), désignant une activité ou un projet qu’une personne perpétue en raison d’une trop grosse somme d’argent et de temps investis dans cette dernière. Dans cette société de surconsommation, la frénésie des Labubus, toujours plus forte, semble n’avoir de fin. Si la lumière du jour a mis fin à l’invasion Gremlins, c’est bien l’aube d’une nouvelle obsession qui mettra un terme au règne des Labubus.
Sources : • « Labubu, le miroir e6rayant de notre société » par Entrepreneur Mindset : https://youtu.be/Pi3mzfXYFHM • « Pourquoi tout le monde s’arrache les Labubus ?!! » par Natoo https://youtu.be/z_tFN7GXfgM?si=V OrPzp-dEojcVOuX







